Histoire de l’association
Des Mains Pour Le Dire
En 1992, lors d’une conférence, à Colmar, d’un directeur d’institut liégeois sur la langue des signes, le public restreint fut captivé et sidéré de découvrir ce qu’est une langue gestuelle, ce qu’elle représente, quelle richesse elle contient.
Dans ce public, il y avait une adulte, que nous apprîmes à connaître, Christiane et sa fille de 8 ans, Perrine. Perrine était bruyante, faisait tomber des crayons, bousculait des chaises. Surprise et aussi un peu gênée, l’organisatrice emmène l’enfant pour lui chercher des livres et des jeux.
L’enfant suit dans le couloir. L’organisatrice lui demande ce qu’elle veut, ce qu’elle aime et…..là, deux grands yeux étonnés la fixent, c’est le mur invisible et pourtant palpable du silence. Oui, Perrine est sourde ; l’obstacle est surmonté car Perrine prend avec intérêt les livres et les jeux qui lui sont proposés.
De retour dans la salle, sous le choc, l'organisatrice suit la conférence avec un intérêt différent. On n’est plus dans l’intellectuel, dans la recherche universitaire, on est dans le concret.
A la fin de la conférence, Christiane s’exprime largement sur Perrine, sur l’absence de tout contact avec la langue des signes ; il n’ y a aucun lieu à Colmar ou aux environs où il serait possible d’apprendre la langue gestuelle, tant pour l’enfant que pour les parents. Perrine suit l’école en intégration et communique avec sa maman au moyen de la lecture labiale et du LPC.
Christiane sent que ce serait important pour elle d’apprendre la langue des signes et l’année suivante, des cours sont créés pour adultes et des ateliers LSF fonctionnent pour les enfants.
Il faut remercier ici la gentillesse et la disponibilité de Christine Schmitt et de Carlo Sablone qui ont permis à quelques entendants de s’ouvrir aux problèmes des sourds.
En 1994, un colloque est organisé sur le thème « La langue des signes est-elle une vraie langue ? ». Démonstration fut faite par des scientifiques, des universitaires, des psychopédagogues que « oui », la langue des signes est une vraie langue et que les sourds, s’ils ne signent pas, ne peuvent pas exprimer exactement ce qu’ils ressentent.
Puis, en 1999, vint la date de l’indépendance. L’association « Des Mains Pour Le Dire » est créée pour permettre d’ouvrir le champ d’action : continuer les ateliers LSF pour les enfants et les ateliers culturels pour les adultes, mais aussi organiser des visites dans les musées, des conférences, des rencontres amicales, aider les enfants entendants de parents sourds et tenir un stand au Salon du Livre de Colmar.
Des mains Pour le Dire, quel beau nom !
Il fallut deux soirées pendant lesquelles chacun des 17 fondateurs émirent leurs idées. C’était passionnant. C’est la voix des sourds qui gagna. Il est décidé que le conseil d'administration serait composé à parité de 4 sourds et 4 entendants afin que toute décision soit prise de façon consensuelle dans l’intérêt des personnes sourdes.
L’association a pour objet de développer toutes les formes d’actions de nature à :
• Informer le public sur les sourds et la surdité
• Promouvoir, diffuser et enseigner la LSF
• Assurer l’aide aux devoirs pour les enfants sourds et enfants entendants de parents sourds
• Organiser des activités de formation continue ou autres manifestations en vue de l’épanouissement social et culturel des personnes sourdes ou malentendantes et en vue de leur environnement social et professionnel.
Actuellement Des Mains Pour Le Dire compte quelque 80 membres, assure l’enseignement de la LSF à 5 groupes d’adultes et 3 groupes de jeunes, organise une rencontre sourds-entendants une fois par mois, prend part à des manifestations publiques comme la Journée Mondiale des Sourds et le Salon du Livre de Colmar et organise des conférences, visites de musées et fêtes traditionnelles. |